Quelles mesures faut-il prendre pour déjouer les escroqueries aux ordres de virements internationaux dans les entreprises ?
Au sein d'une entreprise, un ordre de virement émanant d'un directeur peut être demandé. Si l'entreprise n'est pas clairement organisée pour y répondre, les escrocs peuvent réussir à détourner des fonds, sans pour autant inspirer la méfiance des services financiers.
Pour ne pas tomber dans ces pièges, Jean-Marc Souvira, chef de l'Office central de la répression de la grande délinquance financière à la Police Judiciaire, et Willy Dubost, directeur systèmes et moyens de paiement à la Fédération bancaire française (FBF) proposent des solutions.
Les délégations de signature doivent être très précises :
- bien bâtir les accréditations sur le qui fait quoi, à quel moment, sur les ordres de virement ;
- regarder avec précision les outils, la sécurité autours des outils, des montants, des plafonds autorisés, des personnes autorisées ;
- formaliser par écrit les procédures afin d'éviter tout risque de fraude.
Une vrai criminalité organisée
Les entreprises, aussi bien les PME que les grands groupes, doivent faire face au développement des escroqueries aux ordres de virement.
Depuis trois ans, la direction centrale de la police a recensé plus de 250 millions € de préjudice pour les trésoreries d’entreprises.
Des bandes organisées de fraudeurs contactent les directeurs financiers d'entreprises en se faisant passer pour le directeur général et demandent de virer de l'argent sur un compte, la plupart du temps, à l'étranger.
Cette fraude fonctionne, puisque dans les grands groupes, les filiales, peu habituées à avoir des contacts téléphoniques avec leur président, ne se méfient pas.
Pour déjouer les stratégies de ces fraudeurs, il faut faire appel à son bon sens explique Jean-Marc Souvira : "jamais un directeur d'entreprise n'appellera le directeur financier d'une filiale afin d'effectuer un virement en Chine pour déjouer un contrôle fiscal". Au sein de l'entreprise, il faut se prémunir, en plus des attaques physiques, des attaques financières, en communiquant en interne sur ces nouveaux risques.
Comment réagir en cas de fraude ?
Willy Dubost conseille aux entreprises victimes de réagir rapidement en contactant leur banquier, afin de voir ce qu'il est possible de faire dans l'instant.
Dans les entreprises, les responsables doivent être particulièrement alertés par des demandes urgentes de virement, venant de personnes non habituelles (y compris des dirigeants de groupes ou d'entreprises), le plus souvent hors Union européenne et ce quelles que soient les raisons invoquées.
Vidéo de l'interview de Jean-Marc Souvira, chef de l'Office central de la répression de la grande délinquance financière à la Police Judiciaire, et Willy Dubost directeur systèmes et moyens de paiement FBF.