Un projet national pour faire naître les mastodontes de demain
« French Tech : les atouts et ambitions du numérique nantais » : tel était le thème du dernier petit-déjeuner thématique mensuel organisé par Atlanpole le 25 mars 2014. L’occasion de faire le point sur la candidature nantaise, dans les locaux du tout nouveau Hub Créatic qui a justement pour vocation d’accueillir des entreprises du numérique. « Il n’y aura qu’une dizaine de métropoles retenues en dehors de Paris, avertit d’entrée de jeu Véronique Stéphan, directrice Innovation à Nantes Métropole. La compétition est très forte. »
Lancée avec force communication par le gouvernement en novembre 2013, la « French Tech » est un projet national qui a pour ambition de « booster la croissance de nos startups numériques et renforcer l’attractivité de la France dans la course mondiale à l’innovation », selon les termes de la ministre déléguée à l’Innovation et à l’Economie numérique, Fleur Pellerin.
L’idée est donc de dénicher les pépites de demain. A titre de comparaison, "aux États-Unis, le numérique a généré plus d’un point de croissance annuelle sur les 30 dernières années contre moitié moins en France : en prenant ce virage, le numérique a le potentiel d’apporter un demi-point de croissance annuel au PIB français", avance le ministère.
Plus largement, la French Tech désigne tous les talents qui font le numérique en France. « Le numérique, c’est beaucoup d’entreprises et d’emplois », souligne au passage Nicolas Debon, directeur général adjoint en charge du développement économique à Nantes Métropole.
La course à la labellisation « French Tech »
L’initiative gouvernementale vise à rassembler derrière l’étendard commun de la French Tech des villes porteuses d’un projet ambitieux et fédérateur en faveur des entrepreneurs numériques.
Dans un premier temps, quelques métropoles porteuses d’un écosystème numérique de niveau international vont être identifiées. Pour l’heure, seule Montpellier a officialisé sa candidature. Celle de Nantes est prévue début avril, pour une sélection nationale en juin 2014.
Dans cette course à la labellisation, Nantes veut croire en ses chances. Celle qui se présente volontiers comme la deuxième ville numérique en France s’appuie en effet sur quelque 1400 établissements et pas moins de 7,4 % des emplois de la métropole. Tirée par des pépites comme Lengow, Iadvise ou d’autres en devenir comme Keosys ou Wiztivi, elle bénéficie également d’un écosystème structuré qui associe en bonne intelligence les collectivités, 450 chercheurs, ainsi que des réseaux comme Atlantic 2.0 ou ADN Ouest. Nantes se distingue également avec des événements à retentissement national comme le Web2day, voire international avec l’organisation de la première édition de Digital Intelligence en septembre 2014. « Il y a aujourd’hui un véritable bouillonnement autour du numérique qui fait qu’on ne peut pas rater ce dossier ! », assure Adrien Poggetti, directeur d’Atlantic 2.0.
Stimuler la croissance des startups de l’intérieur et de l’extérieur
L’objectif de ce label est de stimuler la croissance des startups tant de l’intérieur que de l’extérieur via deux leviers. Le premier, nommé "Accélération", consacrera 200 M€ à des initiatives privées. Le second ambitionne d’attirer des talents et des projets entrepreneuriaux depuis l’international : c’est le levier "Attractivité". 15 M€ sont ainsi prévus pour assurer le marketing et la promotion internationale de la French Tech.
S’agissant du volet Accélération, aucun modèle n’étant imposé a priori par le gouvernement, cela laisse le champ libre à la créativité. «On ne manque pas de projets, souligne Corinne Delaporte, dirigeante d’EupToYou et membre de 50 Partners. Le problème, c’est la qualité de ces projets. Il faut aider les entrepreneurs à y voir clair sur ce qu’est un bon projet et à mieux staffer la partie commerciale ». Aux Etats-Unis, rappelle-t-elle, les entreprises du numériques suivent la logique du « doing business first », avec le succès que l’on connaît. « Cela permettra aussi d’éviter que des milliers de porteurs de projet végètent », insiste la fondatrice du Journal du Net et de Linternaute.com.
L’avenir d’une start-up se joue en 18 mois
C’est justement pour limiter la casse que les « accélérateurs », une nouvelle vague d’incubateurs, proposent des programmes courts mixant accompagnement et conseil. Invité par Atlanpole, Company Campus a ainsi élu domicile au Quartier de la création : « on veut accompagner 16 start-up par an et leur donner la capacité de tester leur idée », annonce Florian Herveou, son directeur. Pour ce faire, les projets retenus bénéficient d’un accompagnement de 4 mois, correspondant au temps estimé nécessaire pour sortir un « MVP » (« minimum viable product »), c’est-à-dire un prototype : « On croit au travail intensif, reprend Florian Herveou, donc l’accompagnement par une équipe de 15 personnes s’effectue 7 jours sur 7 pour pouvoir aborder aussi bien les problématiques juridiques que techniques, financières... » Pourquoi condenser les efforts sur une durée aussi courte ? « L’avenir d’une start-up se joue dans les premiers 18 mois », assure-t-il. Une vision partagée par Atlantic 2.0 qui propose de son côté un programme d’accélération sur 9 mois avec l’accompagnement de mentors.
Company Campus comme Atlantic 2.0 ont choisi le co-working, mutualisant les espaces de vie et de travail pour favoriser les contacts, mais aussi l’émulation. « Ce sont les deux premières promos qui diront si ça marche ou pas », conclut Jérôme Gueret, directeur Investissement de Go Capital, spécialiste du financement des PME innovantes dans le grand Ouest.
Nelly Lambert - Plein Ouest