Quand le monde se fractionne, il faut s'unir !
Premier constat de Jean-Paul Betbeze* aux dirigeants et directeurs export des PME présents à la soirée de l’international du WTCNA le 11 décembre 2014 : le monde est en train de changer, de s’éparpiller. Pour s’en sortir dans ce contexte mouvant, il faut donc « accepter qu’on ne peut pas regarder ce qui se passe avec les lunettes d’avant ». Changer de focale, pour l’économiste, cela implique de comprendre ce nouveau monde avec les autres. Quels autres ? « Les amis, les innovateurs, les financiers, les territoires, les filières, les universités, les plus gros et les petits. » En somme, les réseaux. Dans quel but ? Celui de se façonner un écosystème nouveau, mais aussi de se remettre en question. Par exemple, en revoyant ses process, ou en acceptant de sous-traiter quand c’est nécessaire, pour se recentrer sur son cœur de métier et ne plus se disperser dans des tâches qui n'ont pas de valeur ajoutée. Et d’exhorter les entreprises à s’ouvrir, à apprendre à travailler avec d’autres, en un mot : à coopérer. « Faire des unions, c’est ça qui fera l’écart demain », insiste-t-il. Bien sûr, « chacun a son activité, son terrain. Mais en même temps, il y a un terrain commun. » Citant le cas de Bordeaux, « où les patrons discutent et débattent entre eux », il souligne que « les endroits qui réussissent sont ceux qui coopèrent : l’union fait de plus en plus la force ». Pour autant, il admet que la mise en pratique n’est pas toujours simple, notamment dans le rapport grande structure/PME : « plus les entreprises sont grosses et plus elles prennent leur temps avec les délais de paiement, et ça, c’est insupportable pour une PME », reconnaît-il. Les entreprises ont un rôle à jouer dans la reprise
Outre les réformes macroéconomiques indispensables qui restent à prendre, l’économiste invite les entreprises à jouer un rôle dans la reprise. « En France, nous avons deux points faibles : les entreprises n’investissent pas et n’exportent pas assez ». L’autre signal positif adressé aux entreprises présentes, c’est que, bien que le contexte soit difficile et que « nous aurons à porter longtemps le poids de cette crise, son aspect pénible se dissout : on commence à voir des bouts de solutions ». Où sont-elles selon lui ? Dans les start-up, les ETI, les jeunes, l’employabilité des salariés et… l’ouverture à l’international. Finalement, à la question « Comment la France peut-elle reprendre une position de leader dans le monde ? », Jean-Paul Betbeze répond de manière pragmatique : « les domaines dans lesquels on excelle peuvent finalement être petits, moyens ou gros. L’essentiel, c’est d’être visible. »
* Fondateur de Betbeze Conseil SAS, membre de la Commission Economique de la Nation (France), du Cercle des économistes et du Bureau du Conseil National de l’Information Statistique, président du comité scientifique de la fondation Robert Schumann. |